Pourquoi nous ne fabriquons pas notre matelas en France ?

Cette question revient très souvent. Et pour cause. De nombreuses marques mettent en avant la fabrication française de leur matelas. Souvent même une fabrication « 100% française », quelquefois « marque française » ou matelas « designé en France, fabriqué en ... ». Malheureusement, cela participe à créer encore plus d’opacité sur un marché du matelas qui l’est déjà énormément, car “fabriqué en France” ne veut pas dire qu’un produit est français de A à Z. Les matières premières et leur transformation peuvent être faites à l’étranger par exemple. Derrière cette appellation, plusieurs étapes sont parfois occultées, et tout le monde n’en a pas forcément conscience. Il nous paraissait donc important de préciser notre choix, en toute transparence.

La fabrication d’un matelas

Un matelas se compose de deux parties principales : l'âme (l’intérieur du matelas, la mousse) et la housse.

Les usines de matelas ne fabriquent quasiment jamais les deux parties. En effet, il s’agit de deux expertises totalement différentes.

L’âme

Les principaux matériaux utilisés dans les matelas sont la mousse polyuréthane, la mousse à mémoire de forme, les ressorts et le latex (synthétique et naturel).
Pour que les matières premières utilisées deviennent des mousses, elles doivent subir une transformation. Ces transformations nécessitent des investissements très importants et la transformation des matières premières en mousse est très technique. Il existe donc très peu d’usines dans le monde et en Europe qui fabriquent les mousses.


Côté mousses synthétiques, pour la mémoire de forme et le polyuréthane, vous avez principalement deux grandes entreprises dont BAYER.
Côté ressorts, beaucoup de petites usines les fabriquent, le procédé étant bien plus simple : ils reçoivent des fils de métal puis une machine crée les ressorts et les ensache, et ce, souvent dans le l’intissé synthétique qu’ils achètent. Les ressorts sont majoritairement associés à de la mousse synthétique achetée aux grands fabricants comme celui que l’on a cité ci-dessus.

Enfin, côté latex (qui peut être synthétique ou naturel) il existe seulement trois usines en Europe spécialisées dans le latex naturel.
Il s’agit notamment de :

  • Gommagomma (Italie)
  • Artilat (Belgique-Bulgarie)
  • Latexco (Belgique)

La housse

Comme nous l’expliquions, les usines ne fabriquent pratiquement jamais le matelas en entier. Il y a donc d’un côté les fabricants de mousse et de l’autre les fabricants de housse. Ce sont souvent ces derniers que l’on considère comme les « usines de matelas ».
Ils reçoivent des blocs de mousse qu’ils découpent. Ils assemblent ensuite les couches quand le matelas en possède plusieurs, réalisent la conception de la housse et enfin assemblent l’âme et la housse.

La housse du matelas vaut généralement entre 25 et 40% du prix du matelas... Lorsque des matelas sont estampillés « Fabrication française », c’est très souvent la housse uniquement qui est réellement fabriquée en France.
Certaines marques vont plus loin : elles importent la mousse, ainsi que la housse - conçue en Europe de l’Est pour limiter les coûts - et font seulement l’assemblage en France puis affichent la fameuse « fabrication française »…

Âme en latex naturel et housse en coton biologique et Tencel

Le choix de Kipli

La mission de Kipli est de rendre nos intérieurs plus sains, naturels et durables. Notre choix s’est bien sûr tourné vers le latex naturel, un choix en grande partie lié à l’héritage et l’histoire de notre cofondateur Davide, et de son oncle Mario. Ce dernier a été Directeur technique et de Production chez Pirelli dans les années 80 et 90, une entreprise spécialisée dans la production de matelas en latex synthétique. Ayant pris conscience de l’impact du synthétique, il a choisi de quitter cette entreprise pour créer sa propre usine de matelas en latex 100% naturel en Italie, en 1998.
Pendant près de 20 ans, son usine était l’une des 3 seules usines européennes à produire du latex, et il vendait principalement en Corée du Sud, à une époque où l’Europe n’était pas très sensibilisée au naturel pour ce qui est des matelas.
En 2017, il cède son activité, principalement à Gommagomma dans laquelle travaille aujourd’hui la grande partie de son ancienne équipe et avec laquelle nous travaillons nous-mêmes.


Le choix du latex naturel est donc d’abord une question d’héritage mais aussi la conviction que le latex naturel est le matériau idéal pour la conception de matelas : naturel, sain, confortable et extrêmement résistant.
De plus, la connaissance de l'équipe, leur expertise du latex naturel et la qualité de notre relation, mais aussi la qualité du latex naturel (sans aucune mousse synthétique) chez Gommagomma, est ce qu’il y a de mieux pour nous.
Eh oui, le latex 100% naturel peut avoir cette appellation dès lors qu’il y a 85% de latex naturel minimum dans le matelas. Gommagomma ne produit que du latex naturel sans mousse synthétique et en a fait sa spécialité. Les deux autres usines européennes fabriquent du latex naturel sans mousse synthétique, mais aussi à 85% naturelle avec synthétique et sont moins spécialisées.
Cette relation avec Gommagomma s’est par ailleurs construite encore plus depuis les débuts de Kipli avec un contrat d’exclusivité qui nous permet aussi un investissement commun dans le développement et l’amélioration de nos produits.
Concernant la production de la housse, nous la faisons fabriquer chez Paolo, près de Turin, qui nous accompagne depuis nos débuts.

Alors, la fabrication française ?

Malheureusement, concernant le latex naturel, elle n’est pas possible, aucune usine de transformation du latex naturel n’étant présente en France. Il nous semble donc préférable d’avoir un matelas fabriqué à 100% en Italie, qu’un matelas à 30% fabriqué en France (mais fièrement estampillé français). D’autant plus lorsque l’on connaît le rapport qualité/prix italien. En ayant pu réunir l'ensemble de la chaîne de production dans le même pays, nous limitons ainsi le transport et l’impact du produit.

C’est aussi une sorte d’utopie pour la grande majorité des matelas synthétiques.

Il nous semble alors important de regarder la réalité du transport des matières et pas uniquement le lieu de la dernière étape de fabrication. Mais aussi là où  les entreprises font fabriquer chaque élément, le transport entre les différents lieux et le lieu d’imposition final. Enfin, la transparence de la marque et de sa démarche. Un petit drapeau français est loin de compenser la composition d’un  matelas, l’absence de transparence d’une entreprise, ou encore la notion de prix juste associée à la pratique de marges importantes (plus d’informations sur la composition du prix d’un matelas ici).

Alors bien sûr, dès que nous avons pu produire en France, des produits vraiment fabriqués en France à 100% comme nos sommiers Picardie, Normandie et Tapissier, nous l’avons fait.

En effet, la France a la chance d’avoir encore quelques magnifiques entreprises dans l’ensemble de la filière du bois, de la gestion durable des forêts aux étapes de menuiserie du produit fini !  

Pour autant, la fabrication française ne doit pas se faire au détriment d’une réelle transparence sur la chaîne de fabrication et « fabriqué en France » n’est pas une étiquette à faire valoir pour la beauté du mot ou pour les besoins d’une communication positive… Les entreprises ont le devoir d’en faire une utilisation raisonnée et authentique pour qu’elle soit encore dans l’avenir gage de confiance pour les consommateurs.